In Extenso Innovation Croissance, ESSEC Business School et France Angels publient leur baromètre des levées de fonds pour le 1er semestre 2023.
Ce baromètre est le premier qui intègre France Angels afin de dresser un panorama plus exhaustif des levées de fonds en France, notamment auprès de Business Angels très actifs pour soutenir les jeunes entreprises innovantes lors de la phase d’amorçage.
Le premier semestre de 2023 a été marqué par une chute significative des levées de fonds, de 50% en France et 48% en Europe, par rapport aux chiffres record enregistrés au premier semestre de 2022. Néanmoins, le nombre d’opérations est en hausse (+14% en France et +23% en Europe), indiquant une redistribution des financements vers des entreprises en phase d’amorçage et des projets innovants et à impact, notamment dans les domaines de l’énergie et de la santé.
Les méga-levées, qui avaient explosé ces dernières années, connaissent un recul notable, dû au désengagement de certains investisseurs en phase tardive et à une baisse générale des valorisations. Cependant, certains secteurs, comme la CleanTech, montrent une forte attractivité, avec des montants importants investis dans ces thématiques.
Les enseignements clés du 1er semestre 2023 : levées de fonds, secteurs d’activité et régions
Plusieurs tendances se dégagent de ce début d’année. La French Tech voit ses levées reculer en valeur (-50%) par rapport aux montants records captés au premier semestre de 2022, mais le nombre de deals progresse (+14%), témoignant du dynamisme du secteur.
Les méga-rounds, après avoir subi un très fort recul, demeurent à un niveau très faible. Sur le 2ème trimestre, seules 4 opérations sont enregistrées à plus de 100 M€, dont l’azuréen TSE.
La DeepTech reste attractive, en particulier dans le domaine de la santé et de l’énergie, avec plusieurs opérations notables.
Les secteurs de la CleanTech et de l’impact social confirment leur forte attractivité : ces sujets sont devenus clés et des montants importants sont alloués à ces thématiques.
L’amorçage demeure un segment dynamique. Certaines plateformes de crowdequity comme Tudigo constatent un fort engouement pour des projets à impact, qui tendent à se démocratiser auprès du grand public. Les réseaux de business angels ont également la capacité à compléter des tours de table aux côtés
d’investisseurs plus institutionnels.
L’énergie, la santé et le software/logiciel constituent les 3 secteurs d’activité qui drainent le plus de financements au 1 er semestre 2023 (vs le software, la Fintech et la santé au S1 2022). Le secteur de l’énergie affiche une très forte progression (+55%) du nombre de deals par rapport au S1 2022, avec des montants levés stables sur la période. A l’inverse, les secteurs historiques du software, de la FinTech et de la santé captent respectivement 78%, 74% et 57% de financements en moins par rapport au S1 2022. Ces secteurs sont en haut du podium car les tendances de fonds sont puissantes, que ce soit par l’apport de gains de productivité apportés par le SaaS et l’IA, ou encore la montée des thématiques climat/impact dans les modèles économiques.
Sur le plan régional, l’Île-de-France maintient son leadership avec 3 Md€ récoltés au premier semestre, bien qu’elle connaisse une tendance baissière. À l’inverse, l’AURA et la PACA affichent une dynamique particulièrement remarquable.
La région PACA fait preuve d’une excellente activité tout au long de ce semestre (+35% d’opérations par rapport au S1 2022) et se positionne à la 3 ème place en termes de montants levés (+49% par rapport au S1 2022), avec notamment le méga-round de 130 M€ de TSE.
Le podium européen : le Royaume-Uni en tête, suivi de la France et de l’Allemagne
Au niveau européen, 23,2 Md€ de financements ont été récoltés au premier semestre 2023, une chute de 48% par rapport au premier semestre 2022. Comme en France, cette baisse est due à une diminution des méga-levées.
Le Royaume-Uni conserve son leadership sur le podium européen, avec 6,5 Md€ levés au premier semestre 2023, malgré une forte baisse de 55% par rapport à la même période en 2022. La France se maintient en deuxième place, avec une diminution de 50% des montants levés. L’Allemagne se positionne en troisième place, avec une baisse plus modérée de 30% et 3,9 Md€ levés.
Dans ce contexte, le paysage des levées de fonds semble connaître un ajustement, avec un recentrage sur les entreprises en phase d’amorçage, les projets à impact et les secteurs d’avenir comme la CleanTech. Il reste à voir comment ces tendances se développeront au cours des prochains mois.
Regards croisés d’experts sur le contexte international et français
Olivier Bordelanne, Partner chez Demeter Partners : « Nous constatons une forte attractivité pour les thématiques Cleantech et liées à l’impact, qui sont aujourd’hui devenues des sujets incontournables. Les montants disponibles auprès des fonds pour investir sur ces thèses d’investissement sont importants, et d’autre part des moyens notables sont déployés en non-dilutif pour faciliter leur financement. »
Patricia Braun, Présidente – Associée chez In Extenso Innovation Croissance : « Malgré la persistance de la contraction des montants levés lors de ce premier semestre, la French Tech montre des signaux de résilience, faisant de la France le premier pays de l’Union Européenne en termes de montants levés. Les financements des entreprises en phase d’amorçage et des nouveaux projets tournés vers l’avenir, notamment à impact, tirent leur épingle du jeu. De plus, l’engouement pour la Tech observé lors de la dernière édition du Salon VivaTech confirme la dynamique autour de l’innovation en France et le nombre de deals sur le semestre (+14% par rapport au S1 2022) reste rassurant. Les annonces récentes en faveur de la French Tech relatives au plan TIBI 2 de 7 milliards d’euros, avec notamment des financements à destination de l’« early stage », en plus du « late stage » habituel, transmettent un signal fort à l’écosystème et viendront renforcer le financement des start-ups tricolores. »
Nicolas Landrin, directeur exécutif du Center for Entrepreneurship & Innovation à l’ESSEC Business School : » Le cycle baissier du capital-risque se poursuit malgré un retour de la performance de la Tech sur les marchés boursiers depuis le début de l’année. Du fait d’un accès au capital plus difficile, les dirigeants de start-ups et scale-ups réapprennent à croître grâce à l’innovation et la qualité d’exécution. L’IA générative apporte un nouvel élan inespéré avec des perspectives d’innovation et de développement insoupçonnées dans tous les secteurs de l’économie, ce qui pourrait accélérer l’arrivée d’un nouveau cycle haussier dans le capital-risque. »
Jacques Meler, Co-Président de France Angels et Vice-Président de Provence Angels : « A fin juin, les réseaux de Business Angels, constatent, au niveau national, une légère progression des montants levés malgré un contexte devenu difficile depuis la mi 2022. Le « deal flow » (nombre de dossiers reçus) reste soutenu avec des dossiers de qualité. Les valorisations attendues par les entrepreneurs en « early stage » restent un peu élevées. Toutefois ce sont les refinancements (seconds tours et suivants) qui ont pris une part prépondérante au détriment des premiers tours. Cela dénote une certaine prudence de la part de nos investisseurs Business Angels principaux acteurs de la phase d’amorçage. L’autre caractéristique du début d’année qui se confirme au second trimestre, est une tendance à l’allongement du délai pour boucler les tours de table, nous sentons en effet que les co-investisseurs habituels des phases série A ou B sont plus frileux. Au niveau sectoriel, nous voyons toujours beaucoup de dossiers à impact, ainsi que des technologies de rupture particulièrement en santé. »
Corentin Dugault, Investisseur au Programme Territoires d’Innovation à la Banque des Territoires : » Nous observons une légère tendance au ralentissement du marché, et anticipons un peu moins d’opérations en 2023 qu’en 2022. Toutefois nos co-investisseurs restent mobilisés et dynamiques, ce qui devrait nous permettre de boucler 12 à 14 investissements à la fin de l’exercice. »
Alice Lauriot dit Prévost, Co-fondatrice et experte en levées de fonds à impact chez Tudigo: « Le crowdequity monte en puissance et constitue un complément de plus en plus fréquent des tours de table institutionnels. Chez Tudigo, nous constatons une dynamique très favorable sur le financement de dossiers à impact, avec une forte volumétrie de dossiers à impacts environnementaux, en surreprésentation par rapport aux projets à impact social. »
La Côte d’Azur et les levées de fonds du 1er semestre 2023
Sur le territoire azuréen, 11 entreprises présentes ont réussi des levées de fonds sur le 1er semestre : TSE avec 130 M€, SiPearl (90M€), Ecoat (10M€), Mycophyto (4.155M€), Earthwake Enterprise (2.2M€), GoMecano (2M€), BiOceanOr (2M€ le 5 juillet 2023), Qiti (1.9M€), Native Spaces (2M€), Qiti (1.9M€), Oghji (1.3M€), Gandee (0.5M€).
Levées de fonds – Nice Côte d’Azur
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